Né allemand, mais naturalisé Français en 1919, l’Alsacien René Schickele se revendique comme citoyen français et poète allemand. Attaqué dès 1932 par la presse nazie comme pacifiste, puis censuré, il s’installe avec sa femme Anna à Sanary, où il poursuit son œuvre littéraire militante. Il rédige en 1932/1933, ses « Cahiers bleus », une chronique politique qui témoigne de sa clairvoyance concernant la montée du nazisme et publie, en 1934, son roman « La veuve Bosca », dans lequel il met Sanary et le paysage provençal à l’honneur. La même année, il quitte Sanary pour Nice-Fabron, mais revient souvent en visite. Il meurt en 1940 à Vence.

Ni juif, ni exilé, de mère française et de père allemand, René Schickele œuvre entre ses deux pays de cœur et ne peut prendre parti pour l’un ou l’autre lorsque la guerre éclate en 1914. Il s’exile donc en Suisse, restée neutre. Après la guerre il s’installe en Allemagne à Badenweiler en Forêt-Noire comme citoyen français et poète allemand et espère devenir un lien entre les cultures française et allemande.

En 1932, son médecin, qui le suit pour son asthme et ses rhumatismes, lui recommande d’aller vivre dans un climat chaud et sec. Fin observateur de l’évolution de la situation politique en Allemagne, Schickele prévoit le désastre qui se prépare. Il passe donc quelques jours chez son ami Julius Meier-Graefe à Saint-Cyr qui lui conseille de s’installer à Sanary, agréable petit village de pêcheur et peu cher. De 1932 à 1934, les Schickele louent la villa La Ben Qui Hado situé sur une petite colline à dix minutes à pied du port de Sanary et ses cafés, surplombant les toits du village et avec vue sur la mer.

A Sanary, son fils, Hans, aime les cours de philosophie dans son nouveau lycée à Toulon, René apprécie le paysage, le climat et avance bien dans l’écriture de son roman La veuve Bosca où il met la campagne provençale en scène. Cependant des soucis d’argent émergent et le nombre grandissant d’émigrants germanophones à la suite de la prise de pouvoir d’Adolf Hitler et l’autodafé en Allemagne, le dérangent. La famille doit aménager dans une villa plus petite qui s’avère humide, donc néfaste pour leur santé. René Schickele quitte Sanary avec regret et déménage finalement à Nice-Fabron.

En 1938 Schickele écrit son premier et unique roman en langue française « Le retour » qu’il traduit l’année suivante en allemand sous le titre Die Heimkehr. La famille habite maintenant dans une belle maison provençale à Vence, villégiature préférée des peintres et malades pulmonaires. Au début de l’année 1940, René est atteint d’une grippe à laquelle s’ajoute une pleurésie. Jusqu’à sa dernière heure, il lit et écrit, mais son cœur épuisé par des années d’asthme ne résiste plus et il meurt le 31 janvier 1940 à Vence. Le 30 avril 1956, respectant ses derniers vœux, sa dépouille est transférée au cimetière Badenweiler- Lipburg en Allemagne.

La Médiathèque Jacques Duhamel de Sanary-sur-Mer propose un fonds regroupant des ouvrages sur le thème Mémoire d’exil à Sanary